François-Gastineau

François-Gastineau

La dame de Haute-Maison

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La grille était ouverte alors il est entré.

 

Telle est la première phrase de ce livre.

Un homme se rend plus de cinquante ans après sur

les lieux de l’accident qui a causé le décès de son père.

Muni du vieux procès-verbal de gendarmerie de l’époque,

il va faire en une journée  des découvertes surprenantes.

Et puis il y a une jeune fille mourante sur son lit d’hôpital qui attend …

 

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12/05/2015
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Vérité (de Laila Sougri)

Je me réveille. La première chose que j’observe est que je suis par terre. Je ne sais pas comment j’ai fait pour me trouver ici. Suis-je tombée du lit ? Ou bien me suis-je évanouie ? J’essaie de me souvenir de quelque chose, de ce que je faisais avant de dormir…. Sans succès. Je me mets debout comme par instinct et je commence à marcher. La deuxième chose que j’observe est que je ne suis pas dans ma chambre. Super. Cet endroit m’est complètement étranger. La troisième chose que j’observe est que je suis dehors. Me suis-je fait voler puis assommer ? Mais je ne sens aucune douleur. Je regarde à gauche et à droite et je vois des murs. Suis-je dans un couloir ? Dans une maison sans toit ? N’ayant pas d’autre choix, je commence à marcher droit devant. Il faut bien aller quelque part, rester dans le même endroit ne m’amènera nulle part, n’est-ce pas ? Très vite je me trouve devant un autre mur, je tourne à droite et je continue ma route. Il n’y a que des couloirs dans cet endroit. On dirait que c’est un labyrinthe et non une maison. Punaise ! Comment ai-je fait pour arriver là ? Je marche lentement, plus parce que je suis effrayée que parce que je n’ai pas de chaussures. Je n’entends rien. Tout est mort ici. Il n’y a rien qui vive, rien qui bouge. Il n’y a ni vent ni lune. Il n’y a ni oiseaux ni serpents. Je tourne à droite puis à gauche. J’essaie de marquer les places mais il fait assez sombre. Je me perdrai très facilement. Oh, la farce !

Pendant que je me promène au clair de la lune inexistante, je trébuche sur quelque chose. Ma peluche ? Que fait-elle là ? En la regardant plus près, je vois qu’elle est toute trouée. Je continue ma route en la regardant. C’est drôle, à chaque fois que je touche un trou je sens quelque chose. Comme la dernière fois que je me suis disputée avec ma sœur. Ce n’était même pas à propos de quelque chose d’important. Je veux dire, elle avait pris mon T-shirt bleu et alors ? C’est drôle quand je me fâche, je trouve beaucoup de mots méchants à lancer. Et quand je veux exprimer de la gratitude ou de l’amour, aucun mot ne me vient à l’esprit. Je n’ai même pas pu lui dire combien je l’aimais. Elle est morte sans le savoir. Cette peluche me rend triste. C’est comme si elle contenait tous mes regrets. Elle peut bien être petite, mais elle a beaucoup de trous minuscules. Je regrette bien des choses. Je la jette.

Je commence à faire du bruit. Oui, c’est ma façon de combattre la peur et le stress. Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée. Peut-être, ça attirera quelqu’un qui n’est pas le bienvenu. Je commence à chanter. Je n’ai pas une très belle voix mais je chante quand même, ça me calme. Droite, gauche, gauche droite. Je suis mon chemin à l’aveuglette. J’entends quelque chose. Ce n’était sûrement pas ma voix. Ma voix peut être horrible mais elle n’est définitivement pas une voix d’homme. Je fais moins de bruit maintenant, je ne pense pas que faire connaissance avec un homme qui rigole comme le diable lui-même soit quelque chose que je veux vivre. Je marche plus vite. La voix n’arrête pas de rigoler. Je marche encore plus vite. Elle se rapproche. Je cours.

Courir pour échapper à un danger est un bon moyen de survie, lâche peut-être mais cela fonctionne. Courir dans des couloirs qui semblent interminables n’est pas vraiment la meilleure des solutions. Mais le rire diabolique de mon poursuivant me fait automatiquement aller de l’avant. Je cours jusqu’à ce que je sente quelqu’un tout près de moi. Je tombe. Trois secondes passent et rien ne m’attrape par derrière. Je remarque que je n’entends plus le rire. Ok… je me tourne doucement en m’attendant à apercevoir une silhouette, mais il n’y a rien. Hors d’haleine, j’essaie de reprendre mon calme en regardant le mur de droite. Pour la première fois, je vois qu’il y des inscriptions sur les murs. Je me rapproche et je commence à lire : « pourquoi me fais-tu ça ? Je pensais que tu m’aimais » « Fais quoi ? Je ne fais rien. C’est toi qui interprètes les choses telles qu’elles ne le sont pas ! ». Je fais un pas en arrière en pensant que je suis devenu folle. Je n’arrive pas à lire quoi que ce soit d’autre. Toutes les lettres sont floues. Mais je n’ai pas à lire davantage de toute façon. Cette conversation, je la connais par cœur. Elle était la dernière dispute que j’ai eue avec mon ex. Il m’accusait de flirter avec d’autres hommes. Il croyait que je le faisais pour le rendre jaloux. J’ai tout fait pour le convaincre qu’il imaginait des choses mais il était persuadé que je mentais. Ce qui est triste est qu’il avait raison. Et que j’ai fait des choses horribles à lui qui m’aimait tant. Quand il s’était rendu compte que je n’étais pas si innocente que je le lui ai fait croire, il était sorti de la maison pour ne jamais y revenir et j’ai perdu le seul être qui voulait me rendre heureuse. Mon insolence, mon orgueil, mon égoïsme etc. m’ont ruinée. Je n’ai su sa valeur que quand qu’il est parti.

Quelque chose à une grande vitesse passe derrière moi. Il est revenu ! Je recommence à fuir. Gauche droite, droite gauche. Il apparaît devant moi. Je cours à droite. Il apparaît à ma gauche je fuis droit devant. C’est comme s’il m’encerclait. Il est partout. Je suis terrifiée. Je ne sais pas pourquoi mais je pense à ma mère. Ma mère qui m’a protégée quand j’étais enfant, qui m’a soutenue quand j’étais adolescente et qui m’a pardonnée quand je suis devenue adulte. Ma mère que j’ai épuisée quand j’étais enfant, que j’ai négligée quand j’étais adolescente et que j’ai blessée quand je suis devenue adulte. Je m’arrête devant un mur. Je regarde partout mais il n’y a aucune issue. Prise au piège. Je me retourne et je vois l’homme qui se dirige vers moi. Je peux maintenant distinguer sa silhouette, elle devient une petite silhouette de femme avec un couteau dans la main. Elle a un masque au visage. Elle l’enlève. Ce que je vois c’est moi. Elle me poignarde.

Je me réveille. Cette fois je suis dans mon lit. Effrayée, essoufflée, déprimée. J’allume ma veilleuse pour m’assurer qu’Elle n’est pas là. Je ne la vois nulle part dans la chambre mais pourtant Elle est ici, avec moi. Elle est en moi. Elle est moi. Elle est celle que je montre aux autres. Elle est celle qui joue un différent rôle chaque jour. Elle est celle qui porte un masque au visage sans même considérer être elle-même. C’est un cauchemar que je n’oublierai jamais parce que c’est plus ma vérité qu’un simple rêve. Cela m’a montré qui je suis, ce que j’ai fait et comment j’en suis arrivée là : sans rien, sans personne…

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10/06/2015
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chemins d'écoles, chemins de tous les dangers (1)

Chemins d’écoles, chemins de tous les dangers. Le Mexique (Arte)

La sierra madre occidentale est dans le nord-ouest du Mexique. Eparpillé dans les montagnes, loin de toute civilisation y vit le peuple des H. Pour les enfants de la sierra, le chemin qui mène à l’école est une marche épuisante de plusieurs heures. Leur destination, l’internat de Wistuchi. Pour l’atteindre, les enfants livrés à eux-mêmes doivent traverser cette région montagneuse sauvage et gravir plus de mille mètres de dénivellation. C’est l’un des chemins d’école les plus dangereux au monde. Mais leur soif de connaissance est forte car pour ces enfants l’école représente l’espoir, celui d’une vie meilleure.

Lundi matin, il est cinq heures et demie au village de P. situé à 2300 mètres d’altitude. Il fait froid. La nuit, la température descend en dessous de cinq degrés. Le coq chante. Comme chaque jour, Teresa six ans, commence par allumer le feu. Sa sœur de huit ans, Angela, sa mère et sa sœur de neuf ans, Philomena, pourront ainsi se réchauffer un peu. Comme la plupart des H. la famille vit de la culture du maïs et d’un peu d’élevage. Vaches et chèvres passent l’hiver dans la vallée plus chaude. Seules les poules vivent toute l’année auprès de la famille en haut sur le plateau.

Teresa : je nourris les poules. Après je suis contente de partir pour l’école.
Avant le départ, les fillettes revêtent le costume traditionnel, une jupe et une blouse amples de couleurs vives. Ensuite, elles enfilent leur warachi. Ces fines sandales sont tout ce qui les protège du sol glacé.

Teresa : par terre, il fait vraiment trop froid. Avec des sandales, c’est mieux.

L’école commence dans trois heures, à neuf heures précises.

La mère : vous faites bien attention.

Les trois fillettes : au revoir

Les H. ont leur propre langue mais seuls qui parlent espagnol peuvent espérer trouver du travail en ville. C’est pourquoi Anicetta, vingt-cinq ans, envoie ces filles à l’école malgré le danger.

Anicetta : je pense beaucoup à mes filles lorsqu’elles prennent cette route dangereuse, elles pourraient se blesser. Je les imagine assise par terre en train de pleurer. Les enfants me manquent pendant la semaine. J’aurais bien besoin de leur aide pour le travail à la maison.
Sans cette aide, beaucoup de familles de la sierra ne survivraient pas. Les enfants des H. ne peuvent donc pas tous aller à l’école. Pendant la semaine, Terese, Philomena et Angela dorment à l’internat comme la plupart des enfants de la région. Les sentiers de la sierra sont trop fatigants et trop dangereux pour être empruntés tous les jours.

Alors que les trois sœurs sont déjà en chemin, mille mètres plus bas la journée commence tout juste. Niché dans une vallée latérale, se trouve Chapateri un petit village d’une trentaine d’habitants. Aucune de ces simples cabanes de pierre et de torchis ne dispose de l’électricité ni de l’eau courante. Lorenzo, six ans, se réveille vers six heures. Sa mère est morte en mettant au monde son petit frère. Depuis c’est son oncle et sa grand-mère qui s’occupent de lui. Lorenzo a du mal à sortir du lit. Il n’aime pas le chemin qui mène à l’école. Au menu du petit déjeuner, épinards frais et tortilla de maïs, un vrai repas de fête. La famille ne survit qu’avec ce que produit le potager.

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08/06/2015
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Chronique (2)

Jeudi 12 septembre : semaine n°2

 

Neufchâtel-en-Bray

En moyenne, en Pays de Bray, le cœur de Neufchâtel est vendu à moins de deux euros.

 

Grigneuseville

Mardi 10 septembre, les jardins d’Agapanthe de Grigneuseville étaient en lice dans l’émission de France 2 « Les jardins préférés des français ». A l’heure où nous bouclons ces lignes, l’émission n’a pas encore été diffusée et nous ignorons les résultats.

 

Gaillefontaine

A compter du mercredi 18 septembre changement d’horaire pour la bibliothèque, rue Martin d’Aubesmesnil. Horaires d’ouverture : mercredi de 14h00 à 16h00 et samedi de 10h00 à 12h00 en place du mercredi de 10h00 à 12h00 et du samedi de 14h00 à 16h00.

Prêt de livre gratuit. Ouvert à tous.

 

Saint –Germain-sur-Eaulne

Grâce à son fils, Annette Legrand, présidente du comité des fêtes de Saint-Germain-sur-Eaulne est saine et sauve. Voici les faits. Madame Legrand et son fils  arrivaient tous deux au carrefour de la D36 et de la D929, quand deux véhicules sont entrés en collision, une voiture et une camionnette. La voiture a dérapé sur le bas-côté de la route juste à l’endroit où se trouvait madame Legrand et allait la percuter sans la présence d’esprit de son fils qui a vivement poussé sa mère dans le fossé où elle est tombée. Madame Legrand s’en est tirée avec une simple cheville foulée consécutive à sa chute quant à son fils il est indemne. Madame Legrand était venue au carrefour pour coller une affiche sur un panneau municipal pour le loto de la commune des 14 et 15 septembre. C’est son fils qui s’est finalement acquitté de cette tâche.

 

Sommery

Un incendie de foin a fait fondre une partie des câbles de la ligne téléphonique sur la route des Monts Hongnets. Les habitants se retrouvent coupés du monde.

 

Moliens

Cantine scolaire : lundi 16 septembre : betteraves aux oignons, cordon bleu et riz, camembert, brassé à la pulpe de fruits. Mardi 17 : crêpe au fromage, normandin de veau sauce Bercy et brocolis vapeur, yaourt aromatisé, raisin. Jeudi 19 : carottes râpées et maïs, paupiette de lapin sauce bourgeoise et haricots verts persillés, petit suisse nature. Vendredi 22 : piémontaise, croustillant de colin aux graines et semoule, yaourt aromatisé, éclair au chocolat.

 

Foucarmont : C’était il y a 30 ans, 20 ans, 10 ans.

Il y a 30 ans : le 10 septembre 1983, à la Une, « Au feu », deux propriétaires incendient volontairement leur maison. Il y a 20 ans : le 11 septembre 1993, le Réveil faisait sa Une sur la découverte d’un lieu de sacrifices humains sur le chantier de l’A 28.  Il y a 10 ans : le 13 septembre 2003, à la Une « Rumeurs ou réalité », menaces de fermeture chez Danone, les 200 salariés sont inquiets pour l’avenir du Petit Suisse.

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05/06/2015
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Hannah (2)

4

Je viens de t’envoyer ma lettre

n° - n° combien je ne sais plus en tout cas

Il y avait des feuilles et des feuilles

Ça faisait de l’encombrement

Pour rentrer dans l’enveloppe

Et maintenant j’ai faim

Je vais manger un poisson

Et des huîtres et un gigot et tout ce qu’il faut.

Tu as faim toi ?

Je t’invite à casser la croûte

 

5

Dis-moi ça ou ne me le dis pas

Ou dis-moi toute autre chose

Dis-moi ce que tu veux ce qui te vient ce qui te fuit

Ce qui te passe par la tête par les mains par le cœur par le ventre

Par la chevelure

Par les grands chemins secrets des jambes

Par les grandes ailes de tes bras.

Dis-moi oui dis-moi non comme chante la chanson

Mais dis-moi quelque chose.

 

6

Tiens, voilà une rose de mon jardin pour toi

Une rose de juin, une rose de paysan, râblée, courte, drue

Au parfum fort un peu vinaigré

Il en pousse des quantités j’en cueille plusieurs (dix-vingt) à queues courtes

Et j’en fais un bouquet très serré, toutes les têtes pressées les unes contre les autres

Dans un vase étroit – c’est une merveille. Ça te va ?

 

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30/05/2015
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chronique (1)

Jeudi 5 septembre 2013 : semaine n°1

Moliens :

Cantine scolaire - Lundi 9 septembre : saucisson à l’ail, fricassée de poulet au colombo et petits pois/carottes, laitage au chocolat, crème dessert vanille. Mardi 10 : quiche lorraine, dos de colin au basilic et purée, yaourt aromatisé, compote de pommes. Jeudi 12 : melon, spaghettis bolognaises, kiri, crêpe bretonne au sucre. Vendredi 13 : pâté de lapin, sauté de porc aux oignons grelots et chou-fleur au gratin, Petit Suisse aux fruits, banane.

 

Romescamps :

Sa compagne refuse de rentrer avec lui. Il la met dans le coffre.

 

Poix de Picardie :

Au camping « Le Bois des  pêcheurs », quatre-vingt pour cent des clients sont des étrangers et quatre-vingt-dix pour cent de ces étrangers sont des belges.

 

Beaucamps-le-Jeune

Cinquante ans jour pour jour après leur mariage, Georges et Barbel Brondy ont renouvelé leur consentement avec beaucoup d’émotion devant monsieur le maire. Georges et Barbel se sont rencontrés alors qu’ils avaient dix-huit ans tous les deux. Georges était un jeune couvreur et c’est lui qui avait été chargé par son patron de refaire le toit de la maison des parents de Barbel. «  Je lui ai passé mille-quatre-cents tuiles par la lucarne du grenier et à la dernière, on a échangé un baiser » a déclaré Barbel souriante  à la sortie de la mairie.

 

B…

En ce début d’année scolaire, la nouveauté est l’arrivée du nouveau principal au collège Maréchal- Leclerc-de-Hautecloque de Beaucamp-le-Vieux.

 

Abancourt :

Résultats de la loterie de la kermesse scolaire : tickets roses : viande 141, soda stream 077, 6 bouteilles de Champagne 319, 12 bouteilles de vin rouge 012, 6 bouteilles de rosé 038 – tickets verts : viande 031, croque-gaufres 195, 6 bouteilles de Champagne 293, 12 bouteilles de vin rouge 319, 6 bouteilles de rosé 332 – tickets mauves : viande 062, soda stream 308, 6 bouteilles de Champagne 170, 12 bouteilles de vin rouge 219, 6 bouteilles de rosé 357 – tickets jaunes : viande 190, croque-gaufres 381, 6 bouteilles de Champagne 257, 12 bouteilles de vin rouge 029, 6 bouteilles de rosé 308 – travaux d’élèves : croque-gaufres 339 bleu.

 

Villers-Campsart :

Le soleil était au rendez-vous dimanche 1er septembre pour la fête de Villers-Campsart. Une vingtaine de personnes ont participé au repas sur la place. Dans l’après-midi, des danseuses orientales ont présenté des chorégraphies issues du folklore égyptien.

 

 

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25/05/2015
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Hannah

0

Écoute-moi

Et lis tout cela lentement,

Du même souffle paisible que je l’écris,

Oui, lis tout cela lentement

Comme une charrue

Ou un navire.

 

1

Dans un très vieux logis

Chez de très vieux amis

Sur ce très vieux papier

Mais le matin est si jeune

Et j’ai juste son âge.

 

2

Je t’embrasse tout entière, je dis bien toute.

 

3

Alors ni vu ni connu ni vu de moi

Ni connu de toi ou bien tu préfères

Pas vu de toi mais connu de toi

ou bien tu préfères

pas vu de moi mais connu de toi

ou bien tu préfères

pas vu de toi mais connu de moi

ou bien tu préfères

vu et connu de toi et de moi

alors

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25/05/2015
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A Pauline (3)

A  Pauline (3)

 

La Ferté-Alais, ce mardi 8 juillet à midi

 

Pauline, ma femme, mon amour,

 

La semaine tire tout doucement à sa fin et bientôt nous allons être réunis, tous les deux. J'ai été content d'apprendre que la mobylette " remarche ", remarche pour combien de temps ? Après ce sera la bougie, l'allumage, la chaîne, le volant magnétique, etc ...

Je pense que je pourrai garder le livre d'histoire que tu me demandes. Je l'ai utilisé pour les gosses. Il est très clair et pas mal fait tout en étant un bouquin bourgeois, bien sûr !

Tu me parles des résultats au brevet et de la faiblesse de mes deux collègues. Peut-être qu'elle existe mais quand les élèves sont refusés c'est toujours à cause de leur maître et quand ils sont reçus c'est grâce uniquement à leur effort personnel...

Ainsi cela se complique pour notre carte de camping. Les Auberges ne nous intéressaient en effet que relativement et je me demande ce que vont te répondre ceux à qui tu t'es adressée. Je croyais que les marchands d'articles de camping vendaient également des cartes. T'es-tu renseignée ?

Pauline, que devient Françoise ? A-t-elle passé cet examen pour être reconnue comme monitrice ?

A-t-elle fait son stage ? Est-elle décidée à rester chez ces chrétiens ? Elle va se convertir si cela continue ! ! Eh, eh, soeur Françoise, cela ne fait pas mal du tout ! Pauline, voilà que j'écris des bêtises. Cela doit être l'effet de l'orage car nous en avons eu un ce matin, même qu'il m'a un peu retardé pour venir ici. Je suis donc arrivé en retard. Quelle importance ! Aucune, absolument. Si je ne venais pas, ce serait bien la même chose. Pour ce que l'on fait. Pour m'occuper, je lis de Mark Twain, " les aventures de Huck Finn ". C'est évidemment un livre pour les gosses de 14 ans mais je ne connais pas Mark Twain qui parfois a violemment critiqué le gouvernement des USA quant à la politique coloniale.

Pauline, les gosses tremblent un peu car les résultats du BE seront connus ce soir. Le BE était facile ici, cette année. Moi aussi, j'attends ce soir, histoire de pouvoir juger ...

Pauline, plus que 2 journées de classe. Je quitte ce cours complémentaire dès vendredi soir par permission du directeur à moins qu'il ne change d'avis au dernier moment. Mais cela m'étonnerait. Je prendrai le train, samedi, à 14h20 en Gare de l'Est. Pauline, je t'aime, je t'aime.

As-tu de l'eau ? Mais ça alors, un manque d'eau ! C'est le bouquet ! Et les modifications dans l'appartement ?  Tu ne m'en parles plus. Veux-tu m'en faire la surprise ?

Pauline, je t'aime, je t'aime et te serre très fort contre moi. Ton Jacques.

 

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25/05/2015
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A Pauline (2)

La Ferté-Alais, ce mardi 22 avril, midi

 

Pauline, ma femme, mon amour

 

Pauline, ce soir j'aurai une lettre de mon amour, de ma femme. Et toi aussi, tu recevras une lettre. De nouveau, les PTT vont nous réunir. Oh, ce mois d'avril va rapidement s'enfuir, ce mois d'avril qui nous a rapprochés pendant deux semaines et qui nous a permis à tout jamais de " faire ce qui nous plaira ". Pauline, tu as recommencé à faire la cuisine dans notre chez nous que je connais bien maintenant. Ce matin, j'ai envoyé à Versailles notre bulletin de mariage. L'as-tu fait de ton côté ? Sinon envoie le et sans tarder ; on ne sait jamais, à un jour près, une belle occasion peut nous passer devant le nez ...

Est-ce que Simone a recopié les renseignements qu'elle voulait sur l'osier quand elle était ici ? Sans doute que non mais peut-être n'en a-t-elle plus besoin maintenant que ... Millet s'occupe si bien d'elle ! Au fait, est-il venu à Vrizy dimanche ce Millet ? Simone a dû être toute contente !

Comme prévu les garçons de troisième qui avaient une belle voix il n'y a pas si longtemps ont commencé à trinquer. A vrai dire, ils n'ont même pas eu la présence d'esprit d'apprendre leurs leçons et de suivre. Cela a été un jeu pour moi de leur infliger des zéros ! Ce qui vaut ici, 3 heures de retenue pour le samedi. Et ce n'est que le début. Tu vas peut-être me trouver dur mais il n'y a absolument rien à redire ! Bien au contraire car nous sommes au troisième trimestre et dans deux mois, ils planchent alors, au travail ! ...

Pauline, le beau temps des vacances n'a pas complètement disparu, il en subsiste quelques restes.

Il est vrai que maintenant nous sommes au printemps. Les tilleuls ont leurs vraies feuilles et le soleil perce malgré les nuages. Mais je viens de m'apercevoir que je vais être sanctionné de 100 sous pour avoir parlé à la fin du dernier paragraphe du seul sujet défendu. Oh mais c'est que je ne veux pas être  "casse-pied ". Pauline, sans doute vas-tu aller à la gare pour t'informer de ce qu'il en est exactement pour cette carte à demi-tarif. As-tu parlé avec madame Hannion pour l'emploi des 5000 francs de mon oncle Albert ? Il ne faut pas attendre trop la hausse Pinay !

Pauline, je t'aime. Pauline, ma femme, ma femme à moi et pour tout le monde maintenant !

Jacques.

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23/05/2015
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REGNES

Règnes

 

Je suis né à Vouziers département des Ardennes le 8 décembre 1954 - c’est ma date de naissance - de Jacques et Pauline. Jacques, mon père,  trouva brutalement la mort sans l’avoir vue venir en plein jour d’une voiture par l’arrière quelques années plus tard. C’était à Rambouillet, Seine-et-Oise à l’époque, Yvelines désormais, le 11 novembre 1958. Nous sommes aujourd’hui le dimanche 25 septembre 2011 et depuis avant-hier, par conséquent depuis vendredi, j’ai vécu un nouveau changement brutal.

Une fois ces dates posées, je peux dire, sans aucune exagération, que ma vie est partagée en trois parties qu’on peut dater comme on le ferait pour les années de règne de trois rois successifs à savoir, je note consciencieusement, 8 décembre 1954 -11 novembre 1958, je vais dire François 1er bien sûr, 11 novembre 1958 -23 septembre 2011, François II maintenant en appliquant la coutume royale qui consiste à reprendre le nom du roi précédent comme ce fut le cas aux XVIIème  et XVIIIème siècles avec la succession des Louis et 23 septembre 2011 - 25 septembre 2011, François III donc. La dernière période devrait logiquement  s’étoffer avec le temps qui court. Mais c’est parce que je ne suis pas sûr qu’elle se prolonge, bien que je le souhaite au-delà de toutes les limites envisageables, que j’écris. Si tel malheureusement ne devait pas être le cas, ces lignes seront les traces d’un règne fugace que je pourrai relire plus tard, je l’espère, sans éprouver de honte ou sans ressentir un triste amusement vis-à-vis de moi-même. Comme un testament en suspens en quelque sorte.

L’état de grâce est parti, il n‘aura duré que deux jours et trois nuits et la douleur est  revenue. Où s’en est-il allé ? Où s’était-elle cachée ? J’observe, à la lecture des lignes de dimanche, que j’ai vécu ces quelques jours de manière naïve et passive en sachant que tout pouvait disparaître et en ne tirant aucune conclusion sur une quelconque action à entreprendre. Mais était-ce possible et comment le savoir ? Je voudrais tant que mon père soit présent, mort ou vivant. Mort tel un gardien de phare de haute mer invisible dont on sait de la terre la présence dans la nuit  par la lumière que le miroir renvoie ou vivant lors de la relève attendue et qu’à terre devant moi, il s’étonne, points d’exclamation, ou bien qu’il s’interroge, points d’interrogation. Qu’avec fierté, il cite ouvrez les guillemets Aragon. Ou Stendhal. Et tous les autres sentiments aussi avec leurs virgules, leurs points-virgules au maniement délicat, leurs tirets et leurs parenthèses, leurs points de suspension, et aussi leurs accents, les aigus, les graves et les circonflexes et les règles de grammaire du participe passé des verbes pronominaux parce que  sont les plus dures et que je ne les maîtrise pas complètement. Il a été vivant je le sais. Ce que je connais de lui se condense en une image. Ce n’est pas  l’image ordinaire d’une photographie qui aurait été fixée sur le papier. Non. Elle est, sans ambages* dans mon cœur, celle d’un paradis où l’univers est clos et si je n’ai pas su l’entretenir pendant ces heures  récentes d’un pauvre règne éphémère, l’idée me vient en écrivant, c’est que le temps y coule sans effraction comme l’eau d’un ruisseau de printemps.

 

* expression datée mais c’est comme ça.

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22/05/2015
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