François-Gastineau

François-Gastineau

chemins d'écoles, chemins de tous les dangers (1)

Chemins d’écoles, chemins de tous les dangers. Le Mexique (Arte)

La sierra madre occidentale est dans le nord-ouest du Mexique. Eparpillé dans les montagnes, loin de toute civilisation y vit le peuple des H. Pour les enfants de la sierra, le chemin qui mène à l’école est une marche épuisante de plusieurs heures. Leur destination, l’internat de Wistuchi. Pour l’atteindre, les enfants livrés à eux-mêmes doivent traverser cette région montagneuse sauvage et gravir plus de mille mètres de dénivellation. C’est l’un des chemins d’école les plus dangereux au monde. Mais leur soif de connaissance est forte car pour ces enfants l’école représente l’espoir, celui d’une vie meilleure.

Lundi matin, il est cinq heures et demie au village de P. situé à 2300 mètres d’altitude. Il fait froid. La nuit, la température descend en dessous de cinq degrés. Le coq chante. Comme chaque jour, Teresa six ans, commence par allumer le feu. Sa sœur de huit ans, Angela, sa mère et sa sœur de neuf ans, Philomena, pourront ainsi se réchauffer un peu. Comme la plupart des H. la famille vit de la culture du maïs et d’un peu d’élevage. Vaches et chèvres passent l’hiver dans la vallée plus chaude. Seules les poules vivent toute l’année auprès de la famille en haut sur le plateau.

Teresa : je nourris les poules. Après je suis contente de partir pour l’école.
Avant le départ, les fillettes revêtent le costume traditionnel, une jupe et une blouse amples de couleurs vives. Ensuite, elles enfilent leur warachi. Ces fines sandales sont tout ce qui les protège du sol glacé.

Teresa : par terre, il fait vraiment trop froid. Avec des sandales, c’est mieux.

L’école commence dans trois heures, à neuf heures précises.

La mère : vous faites bien attention.

Les trois fillettes : au revoir

Les H. ont leur propre langue mais seuls qui parlent espagnol peuvent espérer trouver du travail en ville. C’est pourquoi Anicetta, vingt-cinq ans, envoie ces filles à l’école malgré le danger.

Anicetta : je pense beaucoup à mes filles lorsqu’elles prennent cette route dangereuse, elles pourraient se blesser. Je les imagine assise par terre en train de pleurer. Les enfants me manquent pendant la semaine. J’aurais bien besoin de leur aide pour le travail à la maison.
Sans cette aide, beaucoup de familles de la sierra ne survivraient pas. Les enfants des H. ne peuvent donc pas tous aller à l’école. Pendant la semaine, Terese, Philomena et Angela dorment à l’internat comme la plupart des enfants de la région. Les sentiers de la sierra sont trop fatigants et trop dangereux pour être empruntés tous les jours.

Alors que les trois sœurs sont déjà en chemin, mille mètres plus bas la journée commence tout juste. Niché dans une vallée latérale, se trouve Chapateri un petit village d’une trentaine d’habitants. Aucune de ces simples cabanes de pierre et de torchis ne dispose de l’électricité ni de l’eau courante. Lorenzo, six ans, se réveille vers six heures. Sa mère est morte en mettant au monde son petit frère. Depuis c’est son oncle et sa grand-mère qui s’occupent de lui. Lorenzo a du mal à sortir du lit. Il n’aime pas le chemin qui mène à l’école. Au menu du petit déjeuner, épinards frais et tortilla de maïs, un vrai repas de fête. La famille ne survit qu’avec ce que produit le potager.

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08/06/2015
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