Un roi éclairé
Un roi éclairé
C’est toutes des filles de garces. Pardonnez monseigneur. Une sacrée maladie garce qui se transmet bien au chaud de femelles de garces-mères en femelles de garces-filles. On pourrait bien les plaindre, des siècles d’oppression, d’éducation forcée avec le bel avenir, mère, fille des rues, bonne-sœur, alors trouve-toi un homme et vite ma fille, oui maman, c’est quand même mieux qu’un mac ou que le petit Jésus. Fais-lui faire deux, trois mômes, il n’osera plus bouger. Ah, la belle prise d’otages, sournoise, bénie par le curé ou par la république, au nom du père, du fils ou au nom de la patrie, voire au nom de l’amour, ah chéri que je t’aime. La douce rigolade. Et même si c’est vrai, l’amour et balivernes quand les yeux de la femelle rencontrent ceux du promis, ça ne peut pas bien durer, vous avez bien raison, vous connaissez les hommes. On se croirait en 14 et la tranchée d’en face. Est-ce une révolte ? Non, Sire, c’est la Révolution. Ah, les belles tricoteuses. C’est toutes des filles de garces, croyez-moi monseigneur. Le terrain est miné, les sirènes et Circé Calypso, fuyez, fuyez carrosse, passez par la Lorraine, rendez-vous à Coblence ou à Sigmaringen. Nous autres les manants attendrons au château la pandémie des garces. Mais dîtes-moi, mon bon, qu’en sera la médecine ? Ah Sire, je ne sais pas, de nos pauvres faiblesses nous risquons de périr. La maladie des garces est une triste chandelle qui compte sa lumière pour des papillons grêles en quête d’une caresse ou d’un sourire absent comme les nourrissons dont les lèvres avides cherchent le lait manquant au sein de mères exsangues. Ah Sire, le lait, le sang. De ce breuvage sacré, cet écoulement vital, voyez comme les garces-mères, voyez comme les garces-filles sont les grandes demoiselles. A genoux, chapeau bas, fiers banquiers de Londres, Amsterdam ou Florence, vous avez vos maîtresses ! De tous vos coffres forts, aucun n’est plus fermé que celui de leurs cœurs, à l’intérêt trompeur, à l’usure étudiée, c’est qu’il faut nous défendre, nous sommes si malheureuses, verset un, verset deux, de leur Bible juponnière, ah la belle affaire, je vous passe les cajoleries et leurs enluminures. Langue de garce voilà tout. Gardez-vous monseigneur de croiser le chemin d’une reine assoupie sous la liqueur filiale, oh le doux miel. Gardez-vous monseigneur. Sous la saveur sucrée de la ruche frémissante, vous n’auriez que l’amertume du fiel et votre cri de surprise, mais tu es une garce, pardonnez monseigneur, serait vite étouffé sous leurs dards silencieux. Car voyez-vous, doux Sire, les dards des femelles sont beaucoup plus puissants que tous les anneaux des rois. Leurs cours sont innombrables, leurs armées solidaires et pour les maintenir en ordre de bataille, point besoin de ducats, de louis ou d’assignats, la solde est inconnue au bataillon des garces, elles se paient sur la bête, gare aux bombes, elles se ruent à la guerre au nom de la liberté et de l’égalité et de leur beau miroir. Enviez, enviez, Seigneur, nos cousins de l’espèce animale, les lions et les taureaux qui tiennent leurs femelles sous le croc et la corne. Mais dans notre lignée, ces attributs royaux sont devenus risibles, le croc s’est réduit en canine pauvre dent enfantine, et la corne, oh Seigneur ! Voyez la perfidie ! Mais dîtes-moi mon bon, d’où vient tout ce malheur ? Sire, tant de reines-mères me viennent à l’esprit que celui-ci s’égare, ne sait laquelle choisir, celle-ci, celle-là. Dans nos passés de roture, le silence est la loi de ces garces de femelles orgueilleuses et honteuses. Une reine-mère atroce aurait-elle vécu aux temps immémoriaux que toute sa descendance couvrirait ses forfaits tandis que vous Seigneur, sous vos nobles coutumes et vos mâles traditions, votre cœur est couvert. D’Aliénor l’intrépide, traîtresse à votre trône ou de l’atroce Catherine, vous ne balancerez pas et d’un geste royal écarterez leurs méfaits. Ainsi, mon beau doux Sire, vous pouvez préserver le message de douceur du Seigneur Eternel, oh la mâle douceur auguste et apaisante. Mais dîtes-moi mon bon, sont-elles si impies ? Hélas oui, doux Sire, leur douceur est factice, leur regard le plus tendre un amer trompe l’œil. Tout chez elles est tactique. Tel l’aimant qui attend l’aiguille métallique qui dépassera d’un pouce la zone interdite pour la rendre captive, elles ne pensent qu’au futur, leurs rêves les plus secrets sont notre cauchemar. Comment vais-je faire maman, dit la fille à sa mère ? Et celle-ci d’expliquer, boutiques, arrières boutiques et celle-là d’enregistrer, pensez donc monseigneur, c’est maman qui l’a dit. Ce n’est pas la voix du Ciel, c’est la voix des femelles. Mais dîtes-moi mon bon, que se disent-elles entre elles ? Hélas, mon bon doux Sire, il faudrait être femelle pour savoir leurs secrets. Langue de garce, âme de garce, cœur de garce. Ce n’est pas de la compassion qu’il faudrait pour pouvoir les comprendre, c’est de l’anéantissement, de la pulvérisation, polichinelle, pantin. La langue de la femelle est celle de la rumeur à l’œil accusateur et qui tisse une toile aux fils en désordre absolu. N’essayez pas, doux Sire, d’en démêler l’écheveau. Il vous faut d’Alexandre suivre le sage exemple qui trancha le nœud gordien. Hachez, hachez monseigneur les cordes des femelles et ne faiblissez pas, réduisez en morceaux, en tas, en cellules, en atomes et méfiez-vous toujours, les têtes des vipères bougent encore éloignées de leurs queues. Mais dîtes-moi mon bon, d’où vient leur méchanceté ? Sire, elle vient de leur ignorance et elles pensent. Elles pensent, résolues, audacieuses, effrontées. Elles pensent être l’origine du monde, elles pensent être l’origine de la vie alors qu’elles en sont les vestales mais elles sont si stupides, elles pensent être le mystère. Mais doux Sire entendez, c’est la vie qui est le grand mystère pas ces tristes femelles ! Mais dîtes-moi mon bon, c’est de la barbarie. Tout à fait, monseigneur. Il n’y a pas une loi humaine ou bien divine qui ne puisse les stopper. Tout leur appartient et l’ombre et le rayon et les quatre saisons, elles s’unissent à l’été, elles s’unissent à l’hiver. Les dés sont tout pipés, désir, désir, désir, tel est leur étendard, leur credo, leur Veni Creator. Ça joue à la poupée dès que c’est tout petit, en veux-tu, en voilà, ça lance ses premiers mots, mange ta soupe, sois gentil, dis bonjour à maman, au baigneur impotent. Et le tour est joué sous l’œil bienveillant des femelles vieillissantes. Monseigneur c’est la honte. Je sais une femelle. Elle avait interdit à l’ensemble de ses filles tous les jeux de poupées. Le remords l’avait prise ? Hélas, non, doux Sire. Elle ne supportait pas l’écho de cette audience. Ce tribunal charmant résonnait de ses fautes. Car voyez-vous seigneur, tandis que la plupart de ces femelles bavardes est sans conteste sotte, une faible fraction est consciente et honteuse. Et muette. Oh comme elles se complètent ! De Charybde en Scylla ! Les garces ! Et c’est à l’unisson qu’en un accord parfait ou un accord tacite, celle-ci guidant celle-là, sous les ordres du cerveau ou de quelque fonction, on continue sa sape, on poursuit sa bataille, on se reproduit encore. Ecoutez la musique, on aime tant se reproduire. Mais dîtes-moi mon bon, c’est une triste chanson. Oh oui, mon doux seigneur, c’est la chanson des femmes, une chanson sans couplet, c’est la chanson truquée engloutie dans le refrain, se reproduire. Elles diront ces femelles, c’est la loi de la nature. La nature ! Enlevez tous les portraits, aquarelles, huiles, crayon, croyez-moi mon doux Sire, de vos habiles artistes, enlevez tous les tableaux de toutes ces femelles, pour ne garder que ceux de l’ensemble de vos pères, de votre illustre gloire, et vous verrez doux Sire, elles seront toute affolées. Ça s’effondre sans images, savez-vous. Les lionnes vont au lac pour se désaltérer, la femelle archaïque s’y rend pour s’admirer. La nature ! Mais dites-moi mon bon ont-elles tant d’artifices ? Hélas oui, doux Seigneur, filles, mères, sœurs ou maîtresses, jalouses ou bien cruelles, elles agacent frères, époux, enfants et se livrent à l’ivresse de leur propre puissance. Elles s’aiment, elles s’aiment, tant, à en haïr le monde. Toute la vie, elles exercent leur pouvoir avec la présomption de leur belle jeunesse à qui la discipline a complètement manqué et comme un fruit caché qui serait parvenu à la maturité sans qu’on s’en aperçut et se détacherait soudainement de l’arbre, il est toujours un temps où même la plus sage se révèle enfin. Ne croyez pas doux Sire, la femelle égoïste, non, on pourrait l’amender. Sa nature est tout autre et c’est l’égocentrisme. Ainsi elle perturbe l’univers, puissamment, inexorablement, dans l’ombre ou la lumière. Quel que soit son reflet, la Lune tient la mer. Mais dites-moi mon bon, s’il m’arrivait un jour, la reine, mes favorites, d’entretenir quelques doutes. Oh Sire, je vous disais tantôt la langue des femelles. C’est la langue indiscrète. Aussi ne laissent-elles échapper le secret de leur commerce. Eclairez moi mon bon. D’abord mon bon doux Sire, il vous faut la prudence, pour éviter leurs larmes, les femelles croient qu’elles les dédommagent, pour éviter leur rage, la fureur du loup pris lui fait autant de mal que la mâchoire du piège. Continuez mon bon. Et bien mon doux Seigneur, puisque vous êtes le roi, comptez sur vos valets et sur vos domestiques. C’est par eux que sont conduites les intrigues de ces femmes au château et jamais l’une d’elles ne s’embarquera en affaire lorsqu’elle aura sujet de s’en défier. Si la conduite de la reine, pardonnez monseigneur, ou d’une de vos favorites vous devient suspecte, appelez dans votre chambre, après le retour de la ville ou le retour de madame, un de ceux qui seront restés au logis pendant votre absence ou qui l’auront suivie lors de ses visites. Laissez le attendre un moment et renvoyez le sans lui avoir rien demandé ni donné aucun ordre. La dame, curieuse et craintive, voudra savoir d’abord pourquoi il aura été mandé, et ne croyant pas ce qu’il lui répondra, c’est-à-dire qu’il a été mandé pour rien, elle ne doutera pas qu’il ne la trahisse et le prenant pour un fidèle espion de ses actions, elle s’abstiendra de tout ce qui pourrait en déshonorer le rapport. Quelle habileté, je vous remercie mon bon. A vos ordres monseigneur. Mais vous savez doux Sire, c’est parce que les hommes ne sont pas hommes qu’ils perdent leur temps à parler des femmes ainsi. C’est toutes des filles de garces. Pardonnez monseigneur. Une sacrée maladie garce qui se transmet bien au chaud de femelles de garces-mères en femelles de garces-filles. On pourrait bien les plaindre, des siècles d’oppression, d’éducation forcée avec le bel avenir, mère, fille des rues, bonne-sœur, alors trouve-toi un homme et vite ma fille, oui maman, c’est quand même mieux qu’un mac ou que le petit Jésus. Fais-lui faire deux, trois mômes, il n’osera plus bouger. Ah, la belle prise d’otages, sournoise, bénie par le curé ou par la république, au nom du père, du fils ou au nom de la patrie, voire au nom de l’amour, ah chéri que je t’aime. La douce rigolade. Et même si c’est vrai, l’amour et balivernes quand les yeux de la femelle rencontrent ceux du promis, ça ne peut pas bien durer, vous avez bien raison, vous connaissez les hommes. On se croirait en 14 et la tranchée d’en face. Est-ce une révolte ? Non, Sire, c’est la Révolution. Ah, les belles tricoteuses. C’est toutes des filles de garces, croyez-moi monseigneur. Le terrain est miné, les sirènes et Circé Calypso, fuyez, fuyez carrosse, passez par la Lorraine, rendez-vous à Coblence ou à Sigmaringen. Nous autres les manants attendrons au château la pandémie des garces. Mais dîtes-moi, mon bon, qu’en sera la médecine ? Ah Sire, je ne sais pas, de nos pauvres faiblesses nous risquons de périr. La maladie des garces est une triste chandelle qui compte sa lumière pour des papillons grêles en quête d’une caresse ou d’un sourire absent comme les nourrissons dont les lèvres avides cherchent le lait manquant au sein de mères exsangues. Ah Sire, le lait, le sang. De ce breuvage sacré, cet écoulement vital, voyez comme les garces-mères, voyez comme les garces-filles sont les grandes demoiselles. A genoux, chapeau bas, fiers banquiers de Londres, Amsterdam ou Florence, vous avez vos maîtresses ! De tous vos coffres forts, aucun n’est plus fermé que celui de leurs cœurs, à l’intérêt trompeur, à l’usure étudiée, c’est qu’il faut nous défendre, nous sommes si malheureuses, verset un, verset deux, de leur Bible juponnière, ah la belle affaire, je vous passe les cajoleries et leurs enluminures. Langue de garce voilà tout. Gardez-vous monseigneur de croiser le chemin d’une reine assoupie sous la liqueur filiale, oh le doux miel. Gardez-vous monseigneur. Sous la saveur sucrée de la ruche frémissante, vous n’auriez que l’amertume du fiel et votre cri de surprise, mais tu es une garce, pardonnez monseigneur, serait vite étouffé sous leurs dards silencieux. Car voyez-vous, doux Sire, les dards des femelles sont beaucoup plus puissants que tous les anneaux des rois. Leurs cours sont innombrables, leurs armées solidaires et pour les maintenir en ordre de bataille, point besoin de ducats, de louis ou d’assignats, la solde est inconnue au bataillon des garces, elles se paient sur la bête, gare aux bombes, elles se ruent à la guerre au nom de la liberté et de l’égalité et de leur beau miroir. Enviez, enviez, Seigneur, nos cousins de l’espèce animale, les lions et les taureaux qui tiennent leurs femelles sous le croc et la corne. Mais dans notre lignée, ces attributs royaux sont devenus risibles, le croc s’est réduit en canine pauvre dent enfantine, et la corne, oh Seigneur ! Voyez la perfidie ! Mais dîtes-moi mon bon, d’où vient tout ce malheur ? Sire, tant de reines-mères me viennent à l’esprit que celui-ci s’égare, ne sait laquelle choisir, celle-ci, celle-là. Dans nos passés de roture, le silence est la loi de ces garces de femelles orgueilleuses et honteuses. Une reine-mère atroce aurait-elle vécu aux temps immémoriaux que toute sa descendance couvrirait ses forfaits tandis que vous Seigneur, sous vos nobles coutumes et vos mâles traditions, votre cœur est couvert. D’Aliénor l’intrépide, traîtresse à votre trône ou de l’atroce Catherine, vous ne balancerez pas et d’un geste royal écarterez leurs méfaits. Ainsi, mon beau doux Sire, vous pouvez préserver le message de douceur du Seigneur Eternel, oh la mâle douceur auguste et apaisante. Mais dîtes-moi mon bon, sont-elles si impies ? Hélas oui, doux Sire, leur douceur est factice, leur regard le plus tendre un amer trompe l’œil. Tout chez elles est tactique. Tel l’aimant qui attend l’aiguille métallique qui dépassera d’un pouce la zone interdite pour la rendre captive, elles ne pensent qu’au futur, leurs rêves les plus secrets sont notre cauchemar. Comment vais-je faire maman, dit la fille à sa mère ? Et celle-ci d’expliquer, boutiques, arrières boutiques et celle-là d’enregistrer, pensez donc monseigneur, c’est maman qui l’a dit. Ce n’est pas la voix du Ciel, c’est la voix des femelles. Mais dîtes-moi mon bon, que se disent-elles entre elles ? Hélas, mon bon doux Sire, il faudrait être femelle pour savoir leurs secrets. Langue de garce, âme de garce, cœur de garce. Ce n’est pas de la compassion qu’il faudrait pour pouvoir les comprendre, c’est de l’anéantissement, de la pulvérisation, polichinelle, pantin. La langue de la femelle est celle de la rumeur à l’œil accusateur et qui tisse une toile aux fils en désordre absolu. N’essayez pas, doux Sire, d’en démêler l’écheveau. Il vous faut d’Alexandre suivre le sage exemple qui trancha le nœud gordien. Hachez, hachez monseigneur les cordes des femelles et ne faiblissez pas, réduisez en morceaux, en tas, en cellules, en atomes et méfiez-vous toujours, les têtes des vipères bougent encore éloignées de leurs queues. Mais dîtes-moi mon bon, d’où vient leur méchanceté ? Sire, elle vient de leur ignorance et elles pensent. Elles pensent, résolues, audacieuses, effrontées. Elles pensent être l’origine du monde, elles pensent être l’origine de la vie alors qu’elles en sont les vestales mais elles sont si stupides, elles pensent être le mystère. Mais doux Sire entendez, c’est la vie qui est le grand mystère pas ces tristes femelles ! Mais dîtes-moi mon bon, c’est de la barbarie. Tout à fait, monseigneur. Il n’y a pas une loi humaine ou bien divine qui ne puisse les stopper. Tout leur appartient et l’ombre et le rayon et les quatre saisons, elles s’unissent à l’été, elles s’unissent à l’hiver. Les dés sont tout pipés, désir, désir, désir, tel est leur étendard, leur credo, leur Veni Creator. Ça joue à la poupée dès que c’est tout petit, en veux-tu, en voilà, ça lance ses premiers mots, mange ta soupe, sois gentil, dis bonjour à maman, au baigneur impotent. Et le tour est joué sous l’œil bienveillant des femelles vieillissantes. Monseigneur c’est la honte. Je sais une femelle. Elle avait interdit à l’ensemble de ses filles tous les jeux de poupées. Le remords l’avait prise ? Hélas, non, doux Sire. Elle ne supportait pas l’écho de cette audience. Ce tribunal charmant résonnait de ses fautes. Car voyez-vous seigneur, tandis que la plupart de ces femelles bavardes est sans conteste sotte, une faible fraction est consciente et honteuse. Et muette. Oh comme elles se complètent ! De Charybde en Scylla ! Les garces ! Et c’est à l’unisson qu’en un accord parfait ou un accord tacite, celle-ci guidant celle-là, sous les ordres du cerveau ou de quelque fonction, on continue sa sape, on poursuit sa bataille, on se reproduit encore. Ecoutez la musique, on aime tant se reproduire. Mais dîtes-moi mon bon, c’est une triste chanson. Oh oui, mon doux seigneur, c’est la chanson des femmes, une chanson sans couplet, c’est la chanson truquée engloutie dans le refrain, se reproduire. Elles diront ces femelles, c’est la loi de la nature. La nature ! Enlevez tous les portraits, aquarelles, huiles, crayon, croyez-moi mon doux Sire, de vos habiles artistes, enlevez tous les tableaux de toutes ces femelles, pour ne garder que ceux de l’ensemble de vos pères, de votre illustre gloire, et vous verrez doux Sire, elles seront toute affolées. Ça s’effondre sans images, savez-vous. Les lionnes vont au lac pour se désaltérer, la femelle archaïque s’y rend pour s’admirer. La nature ! Mais dites-moi mon bon ont-elles tant d’artifices ? Hélas oui, doux Seigneur, filles, mères, sœurs ou maîtresses, jalouses ou bien cruelles, elles agacent frères, époux, enfants et se livrent à l’ivresse de leur propre puissance. Elles s’aiment, elles s’aiment, tant, à en haïr le monde. Toute la vie, elles exercent leur pouvoir avec la présomption de leur belle jeunesse à qui la discipline a complètement manqué et comme un fruit caché qui serait parvenu à la maturité sans qu’on s’en aperçut et se détacherait soudainement de l’arbre, il est toujours un temps où même la plus sage se révèle enfin. Ne croyez pas doux Sire, la femelle égoïste, non, on pourrait l’amender. Sa nature est tout autre et c’est l’égocentrisme. Ainsi elle perturbe l’univers, puissamment, inexorablement, dans l’ombre ou la lumière. Quel que soit son reflet, la Lune tient la mer. Mais dites-moi mon bon, s’il m’arrivait un jour, la reine, mes favorites, d’entretenir quelques doutes. Oh Sire, je vous disais tantôt la langue des femelles. C’est la langue indiscrète. Aussi ne laissent-elles échapper le secret de leur commerce. Eclairez moi mon bon. D’abord mon bon doux Sire, il vous faut la prudence, pour éviter leurs larmes, les femelles croient qu’elles les dédommagent, pour éviter leur rage, la fureur du loup pris lui fait autant de mal que la mâchoire du piège. Continuez mon bon. Et bien mon doux Seigneur, puisque vous êtes le roi, comptez sur vos valets et sur vos domestiques. C’est par eux que sont conduites les intrigues de ces femmes au château et jamais l’une d’elles ne s’embarquera en affaire lorsqu’elle aura sujet de s’en défier. Si la conduite de la reine, pardonnez monseigneur, ou d’une de vos favorites vous devient suspecte, appelez dans votre chambre, après le retour de la ville ou le retour de madame, un de ceux qui seront restés au logis pendant votre absence ou qui l’auront suivie lors de ses visites. Laissez le attendre un moment et renvoyez le sans lui avoir rien demandé ni donné aucun ordre. La dame, curieuse et craintive, voudra savoir d’abord pourquoi il aura été mandé, et ne croyant pas ce qu’il lui répondra, c’est-à-dire qu’il a été mandé pour rien, elle ne doutera pas qu’il ne la trahisse et le prenant pour un fidèle espion de ses actions, elle s’abstiendra de tout ce qui pourrait en déshonorer le rapport. Quelle habileté, je vous remercie mon bon. A vos ordres monseigneur. Mais vous savez doux Sire, c’est parce que les hommes ne sont pas hommes qu’ils perdent leur temps à parler des femmes ainsi.
Un roi éclairé JIMMY (reprise du texte en alexandrins)
C'est une maladie, c'est une sombre farce,
Sire, elles sont toutes de la race des garces,
C'est un gène transmis par chaque garce-mère
A sa garce de fille: un héritage amer.